Tribunal de Paris : la justice à pied d’oeuvre

Tribunal de Paris : la justice à pied d’oeuvre

Rudolph Etiennesophie boisselon

Contexte

Rudolph Etienne, directeur délégué de la BU Conseil et Sophie Boisselon, directrice de mission, nous livrent les secrets de la construction du Tribunal de Paris, construit pour rassembler les services du tribunal de grande instance, le tribunal de police, le tribunal des affaires de sécurité sociale et les 20 tribunaux d’instance d’arrondissement en une seule entité. Ouverture prévue pour avril 2018…

Racontez-nous les prémices de ce projet

Rudolph : La construction du nouveau Tribunal de Paris a été décidée pour répondre à plusieurs objectifs. D’abord, celui des nouveaux enjeux de sûreté via une séparation des flux publics, de la justice et des détenus. Séparer ces acteurs était une nécessité d’une part pour des raisons de sécurité, mais aussi pour des raisons de confidentialité. Ensuite, le Ministère avait émis un besoin d’améliorer et de moderniser les conditions de travail des personnels judiciaires. Enfin, il fallait rassembler l’ensemble des 20 tribunaux d’instance parisiens en un lieu unique afin de simplifier les échanges et le fonctionnement de la justice française.

Comment Egis a-t-il accompagné le projet ?

Sophie : Tout d’abord, Egis Bâtiment et Egis Conseil Bâtiments (en qualité de conseiller  sur la fonctionnalité du projet) ont participé à l’appel d’offres de PPP au sein du groupement porté par Vinci. C’est finalement le groupement dont Bouygues était mandataire avec Renzo Piano pour architecte qui a été déclaré lauréat.  Mais après ce choix, Egis Conseil Bâtiments a été sélectionné en février 2012 en qualité d’AMO (Assistant à Maîtrise d’Ouvrage) auprès de la personne publique pour suivre l’exécution du PPP, tant pendant les études et les travaux que pour les deux premières années de l’exploitation du site.

Quelles ont été les grandes étapes du projet ?

Rudolph : Nous pouvons parler de 4 grandes périodes dans ce projet.

  • D’abord, la période de conception avec un important travail de contre-expertise des études  menées par le groupement Bouygues. Pendant cette phase, nous avons également accompagné notre client dans la gestion des interfaces avec les autres projets connexes de la ZAC des Batignolles (parvis, DRPJ, autres bâtiments, métro et tram, …).
  • Une période intense, après une mise en standby du projet de plusieurs mois, de réalisation des travaux. Cette phase a duré jusqu’à la livraison du projet, à l’été 2017.
  • Une phase post livraison, en cours jusqu’en mars 2018, date à laquelle les agents du Ministère prendront possession des lieux. D’ici là, nous travaillons à la réalisation de travaux intérieurs pour préparer au mieux leur installation.
  • Enfin, une phase de 2 ans de suivi de la mise en exploitation de l’ouvrage. Cette phase essentielle est particulièrement importante pour le projet compte-tenu du fait que l’exploitation et la maintenance font partie du contrat de Bouygues pour les 27 prochaines années.

Parlez-nous de l’architecture du bâtiment

Rudolph : Outre le design exceptionnel et caractéristique de Renzo Piano, le bâtiment est noté d’une particularité notable : il est entièrement vitré, et la structure de verre a été conçue pour résister aux explosions. L’architecture globale a d’ailleurs été saluée par le prix que l’Equerre d’Argent.

Quels ont été les challenges que vous avez rencontrés ?

Sophie : La prise en compte des modifications sur certains éléments du projet  dues à des réorganisations de certains services judiciaires  survenus dès 2015 notamment après le contexte d’alerte Vigipirate. Nous avons donc dû adapter le projet à ces remaniements : : en trouvant les meilleurs moyens pour intégrer ces adaptations sans désorganiser la construction en cours. Le tout sans bousculer le délai, réel enjeu dans tout projet partenarial.

Il y a également eu un vrai défi de construction, d’une part du fait de la réalisation de trois niveaux de sous-sol , mais aussi par le planning qui nous imposait de construire 100 000 men un peu plus de trois ans. Ces challenges ont été relevés avec une excellente qualité de finition et de surcroît en faisant appel à des process peu utilisés en France.  Comme par exemple le coffrage glissant mis en œuvre pour élever ce bâtiment jusqu’à son point culminant à 160m. Cesuccès est pour nous le signe d’une vraie performance de la part du groupement, mais également de la part de tous les acteurs du projet, du pouvoir public et de nos équipes. Nous avons rassemblé le meilleur de nos compétences dans tous les domaines d’activité. Le spectre des équipes sollicitées chez Egis a été très large : de la direction de projet au sein der l’équipe d’AMO, aux experts de l’ingénierie d’Egis Bâtiments

Quel a été votre ressenti sur ce projet ?

Rudolph : Avant tout, je dirai que ce projet est pour nous un record, notamment de par les défis auxquels nous avons dû faire face et par la rapidité de sa réalisation. C’est au travers de projets exceptionnels tels que celui-ci que nous sommes amenés à sortir de nos méthodes de travail classiques et à en développer de nouvelles. Nous améliorons ainsi notre savoir-faire, et nous développons de nouvelles compétences. Ce projet nous a amené à nous dépasser, et nous sommes fiers du résultat.

Sophie : La construction du Tribunal de Grande Instance de Paris a été l’occasion pour nous de rassembler de nombreuses compétences au niveau du groupe. Et le sentiment partagé par tous d’avoir participé à un magnifique projet et d’avoir contribué, chacun à son niveau, à sa réussite, en encaissant parfois les pressions qui ont été fortes mais avec un sentiment au final d’une collaboration partagée avec tous.

Le Tribunal de Paris en quelques chiffres :

  • 100 000m2
  • Plus de 160m de haut
  • 2 000 ouvriers sur le chantier
  • 90 salles d’audience
  • 3 terrasses plantées dont la plus haute culmine à 140m

Laisser un commentaire