Paul-Henry Loitron
Responsable de l’ingénierie financière au sein du Conseil d’Egis depuis deux ans, Paul-Henry Loitron travaille à développer un large éventail de missions de conseil à dimension financière pour accompagner les différentes expertises cohabitant au sein du groupe, ainsi que des clients privés et publics dans le montage et la réalisation de leurs projets.
#1 L’ingénierie financière, concrètement, c’est quoi ?
L’ingénierie financière est une spécialisation qui se trouve à la croisée des domaines de l’actuariat, du financier, de l’économique, du juridique et du fiscal. Elle peut se définir comme l’aptitude à imaginer et à mettre en œuvre des montages financiers parfaitement adaptés aux besoins et aux objectifs spécifiques de nos clients.
Dans la pratique, l’ingénierie financière regroupe un ensemble de méthodes et techniques financières qui permettent de réaliser les objectifs de financement, de valorisation, d’investissements pour une entreprise, un actionnaire ou une collectivité publique. C’est un aspect essentiel de contrôle de la viabilité et de la réalisation d’un projet.
#2 Pourriez-vous présenter quelques missions « classiques » relatives à ce métier ?
Nos prestations peuvent s’exprimer à toutes les étapes de la vie d’un projet :
# En phase amont pour d’abord étudier la faisabilité et la viabilité financière d’un projet. Ensuite, pour comparer financièrement différents modes d’investissement et de gestion (régie, contrat de concession ou marché de partenariat). Puis, pour réaliser des études budgétaires prospectives, ou encore réaliser des plan d’affaires fiables.
# En phase opérationnelle pour premièrement concevoir et développer ou auditer des modèles financiers dans le cadre de projets d’infrastructure ou d’immobilier, et ensuite accompagner des clients dans la préparation de leur documentation technico-financière. Et enfin, la recherche de financements et/ou de subventions.
# En phase aval pour l’analyse et le suivi de projets en phase d’exploitation dans un premier temps. Et pour dans un second temps effectuer des reportings financiers auprès d’organismes prêteurs, de tutelle ou subventionnaires.
#3 Quelle est la valeur ajoutée de l’ingénierie financière sur un projet ?
La valeur ajoutée de l’intervention de l’ingénierie financière sur un projet est difficilement chiffrable. Toutefois, ce qui est certain est qu’il sera très difficile, voire impossible de mener à bien un projet sans une analyse sérieuse de sa viabilité financière.
D’autres aspects comme par exemple les retombées sociales ou les bienfaits environnementaux rentrent bien sûr en ligne de compte mais si le projet est structurellement et fortement déficitaire, le porteur de projet, qu’il soit public ou privé, devra redéfinir ses ambitions.
Il fut un temps où l’exigence d’équilibre financier et de rentabilité était un critère de décision moins fondamental pour les collectivités publiques. Depuis quelques années et la crise financière de 2008, les entités publiques, sous l’effet conjugué de la baisse de leurs dotations, de la mise en place d’un contrôle accru de leurs dépenses (Cour des Comptes, loi NOTRé) et d’un climat économique moins favorable, font de plus en plus appel à des conseils financiers pour s’assurer de la faisabilité financière et de la pertinence de la mise ne place de tel ou tel service, de telle ou telle infrastructure sur le long terme. Notre intervention peut en ce sens, lorsqu’elle est amont, aider à redéfinir le périmètre et l’enveloppe générale, à structurer et boucler le financement du projet.
#4 Comment appréhendons-nous l’ingénierie financière chez Le Conseil d’Egis ?
Ce métier existe depuis de nombreuses années au sein du Conseil d’Egis. Plusieurs facteurs ont mené à sa création. L’un d’entre eux étant de pouvoir proposer à nos clients une offre commune au Conseil d’Egis sans forcément avoir recours à des prestataires externes dès qu’un sujet financier complexe survenait sur un projet.
A mon sens, un des premiers rôles du métier est ainsi d’accompagner nos collaborateurs ingénieurs dans la réalisation de leurs Assistances à Maîtrise d’Ouvrage (AMO) générales. Apporter nos compétences spécifiques au service d’une réalisation supérieure.
Fort de son succès, le métier s’exporte aujourd’hui à travers tout le groupe, à l’extérieur du groupe avec des missions exclusivement financières et se fait fort de développer de nouvelles offres de service.
#5 Quelles sont les nouvelles offres de service que vous développez actuellement ?
Je dirais que 3 offres de services sont actuellement en cours de développement à des stades plus ou moins avancés.
La finance verte est un sujet central qui nous tient particulièrement à cœur, et sur lequel il y a beaucoup de choses à faire. Nous travaillons notamment sur les obligations vertes et le label bas carbone que le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire vient de mettre en place. Nous pensons pouvoir proposer à nos clients plusieurs typologies de missions sur ce thème d’ici la fin de l’année.
Le conseil en gestion d’actifs immobiliers est une autre offre de service sur laquelle nous travaillons afin d’offrir à nos clients une solution clé en main englobant tout le cycle de vie d’un actif, de la détermination de la destination du bâtiment à sa commercialisation en passant par toutes les étapes d’audit et de réfection.
Enfin, l’accompagnement à la levée de subventions et à la recherche de financement est une offre destinée à répondre à une demande croissante des acteurs publics qui font face à un environnement (économique, législatif) contribuant à assécher leurs ressources de financement. A ce titre, l’obtention de subventions s’avère parfois un facteur sine qua none de la concrétisation d’un projet. De même, tous les porteurs de projet n’ont pas les compétences en interne pour préparer une documentation de qualité destinée à intéresser des banques, financeurs potentiels, à un projet. Cette offre a déjà été mise en pratique à plusieurs reprises avec un certain succès.
#6 Quel profil et compétences requises pour exercer ce métier ?
Pour travailler au sein du métier ingénierie financière, il sera indispensable de disposer d’une bonne maîtrise des états financiers et des grands principes comptables. Les principales qualités recherchées étant la rigueur, l’organisation, avoir une bonne capacité analytique et un bon relationnel. L’ingénieur financier doit enfin être capable de jouer le rôle de « traducteur » afin de faciliter et rendre intelligible des états financiers auprès des différents experts techniques avec lesquels il travaillera.
En outre, un des facteurs différenciant dont nous disposons au sein du Conseil d’Egis réside dans la diversité des profils et expertises qui coexistent. Nous comptons en effet parmi nos collaborateurs des ingénieurs, des urbanistes, des architectes, des financiers, etc.
Cette diversité nous permet une approche opérationnelle/projet et une bonne compréhension des différents aspects et enjeux de la mission. Notre ouverture d’esprit sur les matières non financières est nécessaire à la bonne réalisation de nos missions. Nos clients disposent ainsi d’un même interlocuteur pour à la fois aborder les sujets techniques, juridiques, réglementaires ou encore financiers.